Deuxième appel des artistes suisses pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza
Le 26 octobre dernier, nous étions plus de 1’000 artistes, acteurs et actrices du monde culturel suisse, à appeler notre gouvernement à exiger un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Gaza. Nous demandions également que la Suisse cesse toute coopération militaire avec Israël et surtout qu’elle défende, par tous les moyens possibles, les Conventions de Genève, cruellement mises à mal dans cette partie du monde.
Aujourd’hui, 100 jours après le début de l’invasion israélienne de la bande de Gaza, 100’000 Palestinien·ienne·s ont été tué·e·s, blessé·e·s ou ont disparu, dont une majorité de femmes et d’enfants ! On approche des 30’000 morts.
Les récits des atrocités et des tueries commises par l’armée israélienne contre les civils, les vieillards, les réfugiés, les malades, les blessés, les soignants et les journalistes sont à ce point épouvantables que nous finissons par nous boucher les yeux et les oreilles, accablés par un même sentiment d’horreur et de culpabilité.
Nous ne savons plus ce qui est le plus glaçant : l’étendue des massacres, la totale impunité des tueurs ou la complicité des démocraties occidentales.
Le 26 janvier dernier, la Cour Internationale de Justice (CIJ), saisie par l’Afrique du Sud, a sommé le gouvernement israélien de s’abstenir de commettre des actes entrant dans le champ d’application de la Convention sur le génocide de 1948, de prévenir et de punir l’incitation directe et publique à commettre le génocide et de prendre des mesures immédiates et efficaces pour permettre la fourniture de l’aide humanitaire à la population civile de Gaza.
Cet arrêt a été délibérément ignoré et bafoué par Israël, qui mène sans relâche son projet d’anéantissement de tout un peuple, ainsi que l’effacement de toute trace de son existence, passée ou présente. La destruction systématique du territoire de Gaza et de ses habitants se poursuit, inlassablement. « Il est inimaginable que la communauté internationale assiste au déroulement du conflit le plus meurtrier du 21ème siècle, tout en bloquant continuellement les appels à un cessez-le-feu »,
déplore Oxfam, une confédération d’organisations caritatives indépendantes.
Quant à la Suisse, que nous connaissions neutre, attachée au droit humanitaire et prompte à offrir ses bons offices, nous la découvrons aujourd’hui apeurée,résolument alignée sur les positions extrémistes d’Israël et de ses alliés, incapable d’appeler à l’arrêt du bain de sang.
Plus grave encore, imitant les alliés les plus intransigeants d’Israël, la Suisse a suspendu sa contribution à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA – pourtant dirigée par un humanitaire suisse ! – pendant la durée d’une enquête introduite sur les agissements d’une dizaine de ses employés soupçonnés de collusion avec le Hamas, sur les 13’000 qu’elle
compte à Gaza. Or, la suspension du financement de la seule organisation encore capable d’apporter un quelconque soutien aux habitants dans l’horreur quotidienne de Gaza renforce et accélère le risque génocidaire.
« Il est profondément choquant, inhumain à vrai dire, que plusieurs gouvernements aient pris des décisions qui vont aggraver les souffrances de deux millions de Palestinien·ne·s déjà confrontés au risque d’un génocide et d’une famine artificielle, quelquesjours seulement après que l’arrêt rendu par la CIJ a conclu que la survie des Palestinien·ne·s de Gaza était menacée », s’est récemment indignée Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International…
Nous sommes tous·tes révolté·e·s par le fait que la Suisse n’ait rien fait pour prévenir ces actes de destruction délibérée de la société palestinienne et du peuple palestinien, actesinjustifiables, même en réponse aux attaques criminelles du 7 octobre.
Nous réitérons notre demande au Conseil fédéral d’exiger, comme l’ordonne la Cour Internationale de Justice, que « l’État d’Israël suspende immédiatement ses opérations militaires à et contre Gaza afin de faciliter l’acheminement d’une aide
humanitaire suffisante jusqu’aux lieux où elle est nécessaire. »
Nous demandons aux autorités suisses de suivre l’exemple de la Belgique, de l’Espagne, de l’Irlande et de la Norvège qui ont annoncé qu’ils continueront à financer l’UNWRA, reconnaissant le rôle irremplaçable et vital que cette agence joue dans la distribution de l’aide humanitaire à celles et ceux qui en ont désespérément besoin.
Enfin, nous demandons aux autorités suisses d’exiger, avec la plus grande fermeté, le respect des Conventions de Genève – dont notre pays est dépositaire – et de tout mettre en œuvre pour que débutent immédiatement des négociations en vue d’une solution politique du conflit, seule issue pour une paix juste et durable dans la région.
12.02.2024
Premiers signataires :
Jacob Berger, cinéaste
Palmyre Badinier, productrice
Vincent Baudrillier, directeur de théâtre
Karine, Guignard, aka La Gale, chanteuse, musicienne
Nicolas Wadimoff, réalisateur
Muriel Décaillet, artiste plasticienne
Dominique Ziegler, auteur-metteur en scène
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