Le droit du seigneur

Le droit du seigneur précédé de Mme de la Pommeraye

Mise en scène Simone Audemars
Adaptation de Mme de la Pommeraye Michel Beretti
Scénographie Roland Deville
Costumes Coralie Chauvin
Lumières Christophe Pitoiset
Son Michel Zürcher
Régie générale Dorian Nahoun

Avec Vincent Babel, Ahmed Belbachir, Hélène Firla, Cyril Fragnière, Corentin Lecoq, Michel Rossy, Marie Ruchat, Edmond Vullioud, Héléna Sadowy

Madame de la Pommeraye tout comme Mme de La Carlière témoignent de la position ambiguë de la femme du XVIIIème enfermée dans des conventions sociales qu’elle ne maîtrise pas.

Le Droit du Seigneur de Voltaire, quant à lui aborde également les thèmes relatifs à l’emprisonnement social de la femme mais dans un environnement où « l’arbitraire et les faillites de l’autorité seigneuriale » dictent leur loi à tout un chacun.

Aborder cette comédie complexe de Voltaire en la faisant précéder des deux récits de Diderot permettra au public du Châtelard d’en mieux saisir les enjeux et de le préparer à recevoir la suite de notre programmation, orientée autour de la problématique de l’émancipation sexuelle et intellectuelle des femmes du XVIIIème et du XXème siècle.
Simone Audemars

MADAME DE LA POMMERAYE

de Denis Diderot

En homme des Lumières, Diderot n’a cessé d’aller au plus concret, accumulant jusqu’au vertige anecdotes ambiguës, cas de conscience soumis à ses correspondants sur l’amour, la fidélité, le désir, les mœurs, la nature humaine, la liberté… On trouve l’histoire de Madame de la Pommeraye au détour d’un roman théâtral, Jacques le Fataliste : par orgueil, Madame de la Pommeraye, trompée par son amant, se venge en lui faisant épouser une prostituée qu’elle a faite passer pour dévote. Mais la vengeance de cette femme outragée rate : bien que victime de cette machination, son amant décide de conserver sa femme qu’il aime et qui le rend heureux.

Est-on libre d’aimer ? de ne plus aimer ? d’accepter de souffrir parce qu’on n’est plus aimé ? Ce sont là des questions qui ne vieillissent pas.
Michel Beretti

LE DROIT DU SEIGNEUR

de Voltaire

Pouvoirs abusifs, rapt de séduction, viols, incestes et double mariage imposé in extremis pour étouffer le scandale. Tels sont bien les sulfureux ingrédients de cette pièce sur l’arbitraire et les faillites de l’autorité seigneuriale, symbolisées par le « droit du seigneur », où la violence sexuelle, déclarée ou suggérée, est omniprésente. L’échec politique et social se double ici d’un échec de la pensée : celui de la figure régulatrice du sage, sorte de « philosophe-roi » guidé par une raison déficiente et surtout, faillible. Et ce n’est pas sans surprise que l’on découvre un Voltaire décalé. Reléguées au second plan, ironie et portée critique sont largement érodées par une fascination à peine voilée pour la loi du plus fort. La vision dominante, par trop ordonnancée du XVIIIème siècle, ne sort pas indemne de cette équivoque, qui montre la nécessité de ne pas passer sous silence les contradictions, mais au contraire de les placer au coeur de la réflexion.
Martial Poirson

Production Compagnie FOR, L’Organon I Soutien Ville de Ferney-Voltaire