Un colloque à revivre en vidéo :
https://vimeo.com/894497336

Crise : phase décisive d’une maladie (du grec krinein « juger »).
Le Robert.

Si, comme le disait Heiner Müller, le théâtre est crise, il nous revient d’en observer les moments de plus grande intensité et d’en repérer les évolutions. L’annulation des Emigrants dans la mise en scène de Kristian Lupa à Genève et Avignon nous offre l’occasion de nous arrêter sur la phase actuelle, décisive ou pas, que traverse le théâtre public.

Parmi les symptômes les plus marquants, on peut relever le resserrement sociologique du public, le développement hyperbolique des structures administratives et techniques, la disparition des troupes, la multiplication des compagnies, la systématisation des coproductions, le privilège accordé à la diffusion, la multiplication des normes et des objectifs chiffrés.

Les subventions, c’est-à-dire les sommes d’argent public allouées dans un but d’intérêt public, ont progressivement changé de destination. Initialement destinées à favoriser une démocratisation culturelle, elles ont été mises au service de logiques marchandes et insérées dans des politiques de visibilité et de prestige. La formule est devenue un mantra régulièrement invoqué par les pouvoirs publics pour masquer son effacement dans la réalité et est désormais traitée par les services de communication en plein développement dans les théâtres.

Dans ces conditions, on peut se demander si la notion de service public est encore d’actualité ; si elle peut encore avoir une quelconque pertinence ; si elle permet de contrebalancer les logiques festivalières dominantes ; pourquoi les secteurs techniques et administratifs ont remplacé les troupes permanentes dans les institutions ; s’il est possible de réformer les institutions ; comment se structure le marché ; comment expliquer la croissance de l’offre quand la demande stagne ; de quelle manière les systèmes de production affectent, ou pas, les esthétiques produites…

Toutes ces questions parmi beaucoup d’autres nous incitent à réunir chercheurs et praticiens afin qu’ils nous aident à éclairer la situation actuelle du théâtre.

Avec :

Valeria Bertolotto (comédienne et responsable académique du Bachelor Théâtre à la Manufacture), Guillaume Chenevière (historien, conférencier et homme de théâtre), Eric Eigenmann (professeur de dramaturgie), Marjorie Glas (socio-historienne), Gilles Lambert (scénographe et metteur en scène), Nathalie Lannuzel (directrice artistique, enseignante et comédienne), Philippe Macasdar (dramaturge, comédien et metteur en scène), Mathieu Menghini (théoricien et praticien de l’action culturelle), Olivier Moeschler  (sociologue de la culture), Marie-José Mondzain (philosophe, spécialiste de l’art et des images), Frédéric Plazy (directeur de La Manufacture – Haute école des arts de la scène), Martin Rueff (traducteur, poète et philosophe), Yvette Théraulaz (comédienne et chanteuse), René Zahnd (auteur et traducteur)