les chantiers de Marie José Mondzain

Les chantiers de Marie José Mondzain

MJM

Production Compagnie FOR (FR)

En partenariat avec  

le labo theatre

 

Résister, reprendre

LISTE DES CONTRIBUTIONS

Michèle Antiphon :
En ouverture et contrepoint, les comédiennes Catherine Baugué et Nadia Vonderheyden liront des textes de Marie José Mondzain.
Projection : image des textes…

Coordinatrice de la manifestation avec Hervé Nisic et Sylvie Glissant
Dramaturge, Therapôn

Véra et Ruedi Baur : Dé-confiscation
Manifestation/Installation
« À la recherche du sens de son activité de designer, comment penser le geste graphique dans l’ignorance des combats iconoclastes et iconophobes de ce qui construisit les croyances de nos sociétés. Comment créer sans prendre conscience que les images pouvaient tuer, qu’elles nous sont confisquées et qu’il nous incombe de les décoloniser. Puis eu lieu une rencontre à Zurich autour du pluriel des langues et des signes. Le passage de la lecture des écrits de Marie José à l’échange directe :
questionnements, dialogue, inspiration. Depuis nos chemins de résistance n’ont cessés de se croiser.
Des moments exceptionnels qui construisirent bientôt une amitié. Et cette rencontre au Théâtre de la Commune ne pouvait être pour nous que l’acte fondateur d’un projet à venir : une confrontation à la mise en scène et au double rôle du théâtre de cette société du spectacle prétendue fragilisée. Ceci à la marge. »
« Dans le jardin et réparties dans le théâtre des banderoles avec des citations de Marie José qui seront regroupée en fin de manifestation pour créer le décor du spectacle poétique de Sylvie Glissant. »

Judith Baudinet : ICONOCRASH – 5’ 20’’
Vidéo & Musique expérimentales, 2001
« Il s’agit d’une réflexion en acte qui interroge la nature de la trace et celle du document témoin. Une exploration de la matérialité des images et des sons numériques, rejoignant les recherches formelles initiées par le Pop Art et la recherche acousmatique.
Mais encore, c’est un exercice critique concernant les images et leur mise en scène : par le montage, le trucage ou encore les effets de synchronisation. Une démonstration qui tend à rendre visibles les liens qui unissent l’histoire de l’art et la politique.
Le spectateur est invité à scruter les empreintes, à contempler les spectres. Mais plus encore, à redécouvrir ses émotions autant que son sens critique.

Judith Baudinet est auteure, plasticienne et photographe. Elle vit et travaille en France. Professeure agrégée d’arts plastiques, elle a été formée à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, spécialisée en image et audio numériques ainsi qu’en scénographie. »

Christian Benedetti : Saxifraga politica – 10’
Texte de Marie-José Mondzain : lecture.

Acteur, metteur en scène, directeur du Théâtre-Studio à Alfortville

Claude Buchvald et Claude Merlin : Vox clamentis in deserto – 45’
Texte de Marie-José Mondzain. Lecture de Claude Merlin. Collaboration artistique Claude Buchvald.
« Ce qui me trouble, c’est ce génitif. Ce n’est pas vox clamans, mais bien clamantis. Il y a la voix et il y a le sujet qui est le réceptacle porteur de cette voix. Et c’est tout : in deserto. Acteur-lecteur, c’est de là que je voudrais partir. Creuser en moi un vide (un désert) pour livrer passage aux mots. Ce qu’ils disent, les mots du poète, en le relayant, moins le dire qu’en être traversé, en recevoir l’empreinte. Et que pour l’auditeur-spectateur, il en soit de même. Et que, jaillie de son creux d’origine, la parole déborde de partout, au-delà d’elle-même, incandescente, charriant d’anciens récits, livrée aux métamorphoses, et nous emportant. Faire résonner ces correspondances : entre le cri et l’écrit, la grotte et la glotte, le champ qui s’élargit et le chant qu’il accueille… » Claude Merlin Claude Merlin, acteur et metteur en scène.

Claude Buchvald, metteur en scène, comédienne et maitre de conférence.

Sarah Clément-Colas : La sous phrase – 15’
« Avril 2016. Dans le cadre de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, au sein d’une formation aux métiers d’« Aide à la Personne » que nous accompagnons un temps avec Marie José, je réalise une série d’enregistrements sonores. Durant l’un d’entre eux, la philosophe répond à cette interrogation posée à tous, spontanément et naïvement un matin : qu’elle est la question que tu te poses le plus dans ton métier ? »

Sarah Clément-Colas est réalisatrice de courts et longs métrages documentaires, ouvreuse au Théâtre National de la Colline et médiatrice au Festival d’Automne à Paris du projet Cours de Re-Création. Elle a conduit depuis 2014 plusieurs ateliers de médiation éducative pour l’Ecole Nationale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Roubaix et à Paris.

Jean Louis Comolli : Un message de Jean Louis Comolli – 5’
transmis par Hervé Nisic
« Jean-Louis Comolli évoque la complicité qui le lie à Marie José Mondzain. De l’enfance algérienne commune aux combats pour libérer le spectateur des manipulations, formatages, et autres tentatives d’annihilation de son autonomie, les deux se sont souvent retrouvés, et leur compagnonnage se dit encore ici. Se dit aussi la confiance dans les mots, et la nécessité d’une vigilance incessante de la pensée face au déferlement des flux d’images et de sons asservis aux puissances du marché. Se dit
encore la force de l’amitié construite dans le partage d’un idéal de liberté. »

Critique de cinéma aux Cahiers du cinéma, réalisateur de documentaires et de fiction, auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma du réel, Jean_Louis Comolli partage de nombreux combats avec Marie José Mondzain, en plaçant au centre des résistances possibles aux manipulations, les conditions d’une construction du spectateur.

Duncan Evennou : Mississippis – 12’
Représentation d’un extrait du spectacle.
« ll n’y a pas si longtemps, un groupe allemand d’artistes, de scientifiques et d’étudiants s’est embarqué pour un voyage exubérant en Amérique. Guidés par une institution berlinoise appelée la Maison des Cultures du Monde, ils ont eu envie d’étudier le changement climatique en descendant le Mississippi en canoë pendant trois mois. L’extrait que nous vous présentons se situe dans la ville de Carbondale où
il est question de racisme environnemental, d’injustice sociale et d’imaginaire dans un contexte de lutte géo-sociale. Il s’agit d’une traversée au cœur de l’Amérique contemporaine faisant écho à K comme  colonie de Marie José Mondzain.
MississippiS est le deuxième volet d’un diptyque initié par la Lighthouse Company entre 2019 et 2021. Alors que le premier spectacle Matters cherchait à interroger le concept d’anthropocène (nouvelle ère géologique définit par les humains) développé au sein de l’institution de la Maison des Cultures du Monde, MississippiS est une performance qui tente de faire récit à partir des archives originales du voyage de cette même institution. »

Duncan Evennou est un performeur et metteur en scène français. En 2012, il est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieur d’Art Dramatique du Théâtre National de Bretagne, sous la direction de Stanislas Nordey. Après avoir suivi le Programme
d’Expérimentation en Arts Politiques (SPEAP) à l’Ecole des Sciences Politiques, iI se concentre aujourd’hui sur un travail interdisciplinaire à l’interface de l’art dramatique, de la sociologie et des arts visuels impliquant les trois dynamiques clés que sont la création, la recherche et la pédagogie.
Clémence Hallé est doctorante à l’École Normale Supérieure dans le département Sciences, Arts, Création, Recherche. Sa thèse porte sur l’histoire esthétique de l’Anthropocène. Elle poursuit la recherche sur la représentation écologique. Elle a
notamment écrit Matters pour Lighthouse Company.

Fragan Gelkher : Le vide – Essai de cirque – 30’ ou 40’
« Le cirque n’est-il pas le royaume de l’absurde ? N’est-il pas le lieu où l’on vient voir un homme qui prend cette liberté de faire un acte volontairement absurde, en y consacrant toute sa vie. Il prend le risque de mourir : pour rien, comme on prend le risque de vivre : pour rien.
La montagne ici est poussée à son extrême, une pure verticale : une corde lisse. Il n’y a qu’une chose à faire : monter. Il n’y a qu’une chose à faire : descendre. Et peut être au milieu de tout ça, se demander pourquoi. Et peut être au milieu de tout ça, savoir qu’on ne sait pas pourquoi.
« À partir du moment ou elle est reconnue, l’absurdité est une passion, la plus déchirante de toutes. Mais savoir si l’on peut vivre avec ses passions, savoir si l’on peut accepter leur loi profonde qui est de brûler le coeur que dans le même temps elles exaltent, voilà toute la question » (Albert Camus, Le mythe de Sisyphe). Dans notre travail, rien n’est joué, tout est vécu. Nous pourrions parler de performance, puisqu’il n’est pas question ici de jeu théâtral, et s’il peut être encore question de cirque, c’est dans sa simplicité la plus élémentaire. « La lutte elle-même vers les sommet suffit à remplir un coeur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe Heureux.» (Idem) – Alexis Auffray et Fragan Gehlker

Très jeune, Fragan participe aux spectacles de ses parents et travaille avec son père au sein des compagnies de cirque avec lesquelles ce dernier évolue. Il entre ensuite à l’ENACR à Rosny-sous-Bois où il vit ses premières années sédentaires, puis au CNAC à Châlons–en-Champagne. Il participe au spectacle de sortie de la 21e promotion du CNAC, Urban Rabbits mis en scène par Árpád Schilling, une rencontre importante qui se poursuit par deux autres créations. En parallèle, il crée Le Vide (né dans son quotidien au Cnac et développé depuis sa sortie) dont la forme que vous verrez dans cette vidéo a été coécrite avec Alexis Auffray et Maroussia Diaz Verbèke. Ayant imaginé Le Vide pour arrêter la corde lisse qu’il pratique depuis ses 6 ans, il a remis ça dans un nouveau spectacle sur la corde, Dans ton cirque, écrit avec Viivi Roiha et Anna Tauber, poursuivant ainsi sa recherche d’une technique singulière et son amour du cirque.
Le Vide nait à Châlons-en-Champagne, dans le quotidien de Fragan à mesure qu’il s’entraine aux Centre National des Arts du Cirque, sur une discipline à la simplicité radicale : une corde suspendue. Ce projet cherche à montrer l’absurdité de ce labeur et la manière de s’en libérer. Ce projet s’étoffe notamment grâce à la lecture du livre d’Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, conseillé par Marie José Mondzain alors professeur au CNAC. Le Vide se joue sous forme « d’essais » numérotés, dans différents lieux. A chaque lieu, un nouvel essai. Contrairement à Sisyphe, l’équipe du spectacle a arrêté de monter (et descendre) depuis son essai #38 à l’Académie Fratellini où Le Vide a joué sa 142ème et (a priori) dernière représentation, le 15 novembre 2019. »

Sylvain George : NOIR INCONNU – LECTURE ÉLECTRIQUE,
installation de Laurie Bellanca, Benjamin Chaval et Sylvain George.
Image, son et montage Sylvain George. Montage des textes et conception sonore : Laurie Bellanca et Benjamin Chaval. Lecture de Laurie Bellanca. Textes de Sylvain George et Marie-José Mondzain.
« Images zonardes » cueillies à la volée et textes de Sylvain George (extraits du livre Noir Inconnu-Wanderer), textes de Marie José Mondzain (extraits de Confiscation et de K comme Kolonie), voix de Laurie Bellanca, motifs sonores de Benjamin Chaval, viennent se télescoper les uns avec les autres
pour former une constellation d’images dialectiques, de nouvelles « opérations imageantes », un espace d’images « saxifrages », qui viennent perturber tout à la fois les catégories de l’identité et de l’altérité, comme engager de nouvelles temporalités émancipatrices à même de favoriser la création de nouveaux régimes fictionnels. Ou comment, la forme proposée, vive et radicale, ne pouvant advenir que par l’attente, la venue et l’accueil inconditionnel de l’altérité la plus radicale, vient signer le refus de toute arkhé, fondement, nostalgie du fondement, du pays natal… ; s’offrir comme communauté-qui-vient, jeux des alliances fabuleuses et à fabuler, de ce/ceux/celles qui viennent, encore et toujours, du passé comme du présent le plus lointain ; vient, dans l’ici et maintenant, interrompre le cours du monde, césurer le monde comme il ne va pas… »

Sylvain George est écrivain, cinéaste et metteur en scène. Il réalise depuis ses débuts des films documentaires et expérimentaux poétiques et politiques sur les questions migratoires et les mouvements sociaux : Qu’ils reposent en révolte, Les Eclats, Vers Madrid-The burning bright, Paris est une fête… Il collabore avec des artistes renommés pour leur art et leur engagement : Archie Shepp, William Parker, Valérie Dréville, Okkyung Lee, John Edwards, John Butcher, Serge Teyssot-Gay, Sylvain Luc …
Laurie Bellanca pratique le théâtre, la création radiophonique et la lecture à haute voix. Elle crée le collectif kom.post aux côtés de Camille Louis en 2009 et travaille aujourd’hui aux côtés des metteurs en scène Lazare (TNS 2022), Léa Drouet (Les Amandiers 2020, KFDA 2021) des autrices Anne Corté (Actoral 2021), Maria Kakogianni (MLCA 93 2021). Elle accompagne aussi les recherches littéraires de la réalisatrice Emilie Aussel (Shellac 2022) et développe avec Benjamin Chaval le dispositif de lecture sous casque intitulé Les Lectures électriques (Centre Pompidou, Mucem, Rencontres d’Arles, Museum National d’Histoire naturelle…) soutenu par le programme « La Collection » de l’Institut Français.
Benjamin Chaval est musicien, compositeur et créateur de dispositifs sonores. Il questionne la fonctionnalité de l’outil, la décomposition des signaux, la déstructuration et la recomposition de l’onde sonore tout en considérant le versant organique des sonorités de synthèse. Entre de multiples collaborations (Avalanche Kaito, Scarlett O’hanna, Zoho Quartet, DOVER DRIVE TOUR, la Cie La Zampa…) Il réalise la bande-son du film « Sinjar, La naissance des fantômes» réalisé par Alexandre liebert à partir des images de Michel Slomka (Lussas 2021) et accompagne Laurie Bellanca dans le dispositif Les lectures électriques.

Sylvie Sema Glissant : Les poétiques de résistance de Marie José Mondzain – 1h (environ)
Avec la participation Nurith Aviv, Ruedi et Véra Baur, Christian Benedetti, Sophie Bourel, le Groupe Bekkrell, Marie-José Malis, Sonia Masson, Claude Merlin, Pierre Meunier, Lolita Monga, Dominique Quessada, Hugo Rousselin et Karim Touré.

Artiste plasticienne, elle dirige L’Institut du Tout Monde et crée depuis 2012, les Poétiques de résistance. Avec Michèle Antiphon et Hervé Nisic, elle est coordinatrice de cette manifestation.

Valérie Jouve : Porte d’Aubervilliers – 20’
Film documentaire.
« C’est un quartier, la porte d’Aubervilliers, qui incarne notre changement de monde, un lissage propre et net. Il porte l’ignorance criante de tout un pan de la société et ainsi, entraine un déséquilibre à l’image de notre inconséquence actuelle.
J’ai beaucoup pensé à Marie José Mondzain pendant le montage, comment par sa parole, exprimée du bout des lèvres, elle traduit la puissance de la pensée, oui c’est le bon mot, une grande puissance, faisant front au pouvoir. »

Photographe depuis 1985, elle questionne le traitement de l’espace : comment la figure, humaine ou autre, confère une présence à ce qui l’entoure ? Dans les espaces d’exposition elle tente par le montage de nourrir l’imaginaire de la ville de la multiplicité du vivant. Depuis 2001, elle commence une pratique cinématographique, avec « Grand Littoral », qu’elle poursuit jusqu’à aujourd’hui.

Katia Kameli : « Le Roman Algérien, chap. 2, 2017 » – 12’
Parler des images, c’est nécessairement occuper d’une façon ou d’une autre la place d’un spectateur qui se charge d’un montage, c’est-à-dire, de la cohérence subjectivement et provisoirement aperçue d’une trajectoire qui n’est pas encore au terme de son dé-placement. Marie José Mondzain, Images (A suivre).
« Le Roman algérien, chap.1.2.3 est un film pensé en trois chapitres qui nous éclaire de façon sensible sur les relations complexes d’une nation à son histoire et le rôle des images dans la construction de son roman national et de ses archétypes. Marie-José Mondzain est une philosophe dont les nombreux
ouvrages et interventions en font une figure essentielle du débat public d’idées sur les images. Dès le deuxième chapitre de ce triptyque, elle devient la figure centrale du projet. Dans le chapitre 2, elle opère, depuis la salle de projection et depuis l’interface de l’écran, une véritable « plongée » dans
l’image lorsqu’elle se charge de les commenter, de converser avec elles, de les éclairer depuis sa propre expérience.
Elle me guide dans cette exploration de séquences et de rushs du premier film à travers le double regard qui la caractérise : celui d’une historienne des images et celui, plus subjectif, d’une femme ayant grandi en Algérie jusqu’à l’Indépendance puis y ayant vécu à la fin des années 1960. Dans
l’extrait présenté, elle commente une séquence réalisée avec Louisette Ighilahriz, militante historique, combattante de la guerre d’Indépendance et femme politique. »

Artiste et réalisatrice franco-algérienne, ma pratique repose sur une démarche de recherche : le fait historique et culturel alimente les formes plurielles de mon imaginaire plastique et poétique. Je tente de mettre en lumière une histoire, globale,
faite de frontières poreuses et d’influences réciproques afin d’ouvrir une voie réflexive et génératrice d’un regard critique sur
le monde.

Klonaris/Thomadaki : Requiem pour le XXe siècle – 30’
Avant la projection, Katerina Thomadaki évoquera la rencontre des réalisatrices (Maria Klonaris et Katerina Thomadaki) avec Marie José Mondzain et introduira le film via une connexion Zoom depuis la Grèce. Après la projection la comédienne Catherine Baugué lira l’article que Marie José a consacré
à ce film.
« Vidéo analogique, n&b et couleurs, 14’, 1994
Conception, réalisation, textes : Maria Klonaris – Katerina Thomadaki. Musique originale : Spiros Faros.
Prix de l’Unesco et du Conseil de l’Europe, festival vidéo de Locarno, 1995
Requiem pour le XXe siècle, est le 18e opus du Cycle de l’Ange, notre plus long cycle d’œuvres (1985-2014) réalisé à partir d’une photographie médicale d’intersexuel.le, trouvée par Maria Klonaris dans les archives de son père gynécologue chirurgien.
Dans Requiem pour le XXe siècle la photographie de l’Ange-intersexuel est mise en relation avec des images appartenant à la mémoire publique de notre siècle: actualités retravaillées principalement de la 2ème Guerre Mondiale qui a été un condensé de violences que d’autres guerres, actuelles, perpétuent
(destruction biologique et écologique, racisme, purification ethnique, persécution de la différence…).
L’Ange, un sujet différent et nu, les yeux bandés, est assailli par la violence constamment réitérée de la guerre. Conscience errante et immobile, face aux événements qui explosent devant sont regard aboli, il devient tour a tour observateur, témoin, victime et juge, corps différent persécuté, savoir brûlé, corps
irradié, scène de la mémoire.
M.K. – K.T., 1994 »

Maria Klonaris – Katerina Thomadaki
Cinéastes, plasticiennes, théoriciennes d’origine grecque, Maria Klonaris et Katerina Thomadaki ont créé le « cinéma corporel » et cosignent une œuvre pluri-disciplinaire étendue (films, installations, performances, photographies, créations sonores, publications). Katerina Thomadaki a été professeure associée à l’Université Paris 1.

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval : Film lumière, Marie José Mondzain – 20’ à 30’
« Nous travaillons avec les textes, l’amitié et les conversations avec Marie José depuis près de 20 ans.
Il y a quelque chose de la peinture dans les assemblages, les couches, les couleurs, qui naissent de cette complicité. Les images ne tombent pas du ciel, invisibles ou visibles, muettes ou sonores, photographies ou long-métrages, elles travaillent dans la durée. Avec ce film-parlé, tournée en
quelques heures, nous avons tenté de filmer quelque chose de tout cela. En lui proposant de partir d’une expression qui nous est chère – Sécession cinéma, mon amour. »

Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval ont réalisé 14 long-métrages – fictions et documentaires – toute une série de moyens métrages, de formats courts, de vidéos et des installations cinématographiques. A travers leurs films, ils développent un cinéma qui interroge la forme cinématographique autant que les bouleversements du monde contemporain. Une rétrospective de l’ensemble de leur oeuvre sera présenté au Centre Pompidou du 2 décembre 2021 au 2 janvier 2022.

Laurie Laufer et Marie José Mondzain : Quand l’image est le rien du tout – 40’
Dialogue autour de Homo spectator de Marie José Mondzain
Lecture par Nadia Vonderheyden et Catherine Baugué de l’article de 2008 remanié par Laurie Laufer, suivie de la reprise du dialogue entre Laurie Laufer et Marie José Mondzain.
« J’ai rencontré Marie José Mondzain en 2003 lors de ma lecture de son livre décisif Le commerce des regards. A l’époque je travaillais à ma thèse sur le deuil et la disparition. D’ailleurs je ne serai jamais assez reconnaissante à Marie José Mondzain d’avoir accepté de siéger au jury de ma thèse et de
préfacer mon livre l’énigme du deuil. Est née une amitié fidèle et je suis honorée et heureuse d’être là aujourd’hui pour travailler aux chantiers de Marie José Mondzain. La phrase décisive pour moi à ce moment-là de mon travail a été : « l’irreprésentable ne peut attendre sa symbolisation que de la vision
elle-même ». Il ne s’agit pas de représenter l’irreprésentable, de « faire voir » pour croire, de montrer des images pour rendre la réalité, de trouver des réponses aux questions « faut-il faire voir le mort aux enfants ? Doit-on voir le mort sur son lit d’hôpital ? Comment accompagner quelqu’un qui ne veut pas
voir ? » Ce serait dans le sens où le traumatisme renverse la question même du rapport objet/sujet et donc celui de leur représentation. Ce que propose Marie José Mondzain est bien plus précis autant que plus difficile : il s’agit, selon la lecture que je fais de son texte, de penser l’image dans un rapport d’articulation entre l’absence et la présence, entre un ici et un là, de créer un espace de seuil, un lieu de passage métamorphique, c’est-à-dire de créer une forme au-delà de la forme. C’est bien le sens du glissement que je souhaite opérer dans ce travail entre le « travail du deuil » et « l’œuvre de sépulture ». Engendrer de l’image en mouvement pour ouvrir la parole. Il s’agit pour l’irreprésentable d’avoir un lieu afin que l’événement puisse se dire. Dans le dispositif transférentiel quelque chose aura lieu, l’apparition d’un visage va créer de l’affect, créer le mouvement de l’affect, de l’émouvoir au mouvoir : cette « fameuse Katharsis, déploiement du sens par illumination de l’affect. » Le lieu psychique de sépulture devient le lieu d’une déposition : celui d’un corps et d’une parole. Cette question de l’irreprésentable, du nommable, du pensable, est donc ce qui a irrigué ma réflexion. En 2007, c’est la dimension politique du regard qui m’intéresse et Marie José Mondzain écrit Homo spectator, un nouveau dialogue s’engage autour de cette assertion : « Toute histoire du regard est
politique parce qu’elle pose aussi la façon dont le regard est parlé, soit sur l’objet regardé, soit sur le sujet qui regarde ». Le texte présenté aujourd’hui l’image est le rien du tout, est le relief de ce dialogue et de cette amitié qui se tisse depuis des années. »

Laurie Laufer exerce la psychanalyse à Paris. Elle est professeure au département d’Études psychanalytiques de l’université de Paris et directrice du Centre de Recherche Psychanalyse Médecine et Société (CRPMS). Ses derniers ouvrages parus :
Murmures de l’art à la psychanalyse, Paris Hermann 2021, et avec Sandra Boehringer Après les Aveux de la chair.
Généalogie du sujet, généalogie de la psychanalyse chez Michel Foucault. Paris EPEL, 2020.

Hervé Loichemol : Les Échinides – 20’
Dramaticule joué par son auteur.
Première partie d’un projet qui en comportera trois.
De Mostaganem à Gaza, un déplacement en terrain connu et en terres inconnues.

Hervé Loichemol. Metteur-en-scène
En préparation : J’attends toujours, d’après Diderot (Ferney-Voltaire, décembre 21) ; Le Metro de Gaza (travail entamé en 2013 en Palestine) (janvier-mars 22) ; Les jours heureux (Grand Genève, juin-septembre 22).

Patrice Loraux et Marie José Mondzain se rencontrent une fois de plus le dimanche – 20’

Marie-José Malis : Ouverture – 20’

Sonia Masson : La Réponse – 10’
Lecture à Marie José Mondzain de La Réponse de Brecht.
« Dans le numéro de claquette que nous présentons de loin en loin, Marie José et moi, l’une pense à voix haute, pense en chemin, pense comme elle respire, et l’autre lit-dit les poètes. Pasolini, Neruda, Mahmoud Darwich, Brecht… Et puis aussi, elle et moi, nous aimons beaucoup les histoires d’amour.
L’amour. D’où cette Réponse de Brecht, à une question qui n’aura pas été posée.

Comédienne, metteuse en scène, directrice artistique de la Cie Le Lampion, et des Salamandres – écoutoire de littérature sonore.

Pierre Meunier : Au Milieu du désordre – 1h20 « En espérant susciter de l’intérêt pour un tas de pauvres cailloux, cette rêverie théâtro-minérale repose chaque fois pour moi la question de notre capacité à voir. À nous laisser surprendre par ce qui s’offre à nous et que nous passons notre temps à ne pas voir, à ne pas vouloir voir, à ne pas pouvoir voir. Réaliser à quel point nous nous soumettons, sans même l’avoir désirée, à une hiérarchie des importances imposée dès l’enfance permet peut-être de rejoindre ce qui nous importe intimement pour y puiser la force heureuse de poursuivre. En écho au travail de dessillement si précieux qu’accomplit Marie José, j’aimerais que ce moment de partage autour du déconsidéré nourrisse un temps d’échange libre et stimulant. Trop jeune pour se présenter aux concours des écoles de théâtre, Pierre Meunier commence par un détour sur les pistes de cirque où il entame ses premières négociations avec la gravité. Avec la légèreté pour but, il recherche déjà l’équilibre entre matière et rire. Aussi, quand l’audace lui permet de concevoir ses propres spectacles, il élargit le nombre de lois physiques avec lesquelles jouer. Ces lois de la pesanteur, du frottement, du ressort, de l’ordre et du désordre font alors résonner autrement celles qui régissent le monde, la pensée et les rapports humains. Guettant toujours la norme et ses dysfonctionnements, Pierre Meunier ouvre par chacun de ses spectacles un temps du regard neuf et de l’étonnement joyeux devant ce qui semble inerte. » Hervé Nisic : ∙ La mémoire vive – 25’ « Frappés par l’écart entre les compte-rendus médiatiques et la réalité de ce qu’ils voient sur le terrain, un groupe de militants se donne pour mission de collecter et mettre à disposition sur Internet, une galerie nationale de photographies des messages portés sur les dos de Gilets jaunes. Constitué au fil des rencontres, le groupe Plein le dos décide d’éditer des feuilles jaunes de grand format rassemblant ces images, et de les distribuer à prix libre dans les cortèges pour aider les caisses de solidarité avec les blessés lors des manifestations. Cette mémoire active des messages et images de lutte des dos de gilets, alimentée par les manifestants eux-mêmes et par des photographes professionnels bénévoles conserve la trace d’un mouvement unique toujours présent dans le mouvement social. Le montage présenté pour RESISTER / REPRENDRE, en complicité avec Marie José Mondzain, montre quelques moments d’un film à venir. » ∙ La violence n’est pas une spécialité – 12’ « Diptyque filmé pendant la Nuit Debout du 23 Avril 2016 place de la République à Paris. Marie José Mondzain avait été invitée à participer à une émission de la Radio Debout. L’entretien se tenait sous une tente pratiquement sans lumière et ouverte à tous les sons de la place où se tenaient parallèlement des forums. Marie José Mondzain définit sa position dans la vie de la cité, et replace la question de la légitimité de la violence face à la haine, au courage et à l’instrumentalisation de la peur. Deux régimes de prise de parole se déploient dans ce travail : A – Un dialogue entre des intervenants dans un espace clos qui s’ouvre par la radio à un auditoire virtuel potentiellement illimité d’un côté, B – de l’autre une agora devant laquelle les orateurs, traitant du même sujet, s’appuient sur la présence réelle d’un public. » ∙ Le cabinet des archives, installation « Le cabinet des archives est un espace permanent visible pendant les deux jours de RESISTER / REPRENDRE. Un moniteur placé dans une des parties communes du théâtre montre une série de moments pris dans les interventions publiques de Marie José Mondzain. Ces interventions donnent à voir et à entendre une parole ferme, d’une clarté et d’une vivacité qui a souvent captivé ses auditoires, sans faire aucune concession au fond. La plupart des extraits sont tirés du séminaire public L’OBSERVATOIRE DES IMAGES que Marie José Mondzain a partagé avec des philosophes, psychanalystes, cinéastes, plasticiens ou curieux d’une pensée vivante et exigeante. Il n’y a aucune prétention dans cette présentation, sinon de témoigner de la richesse et de la diversité de ces prises de parole. »

Hervé Nisic est réalisateur, vidéaste, photographe. Il rencontre Marie José Mondzain en 1995 à propos de son film La hauteur du silence. Il a suivi et documenté depuis un grand nombre de ses interventions et séminaires. Il est avec Michèle Antiphon et Sylvie Glissant coordinateur de cette manifestation.

Natacha Nisic : Blackmail – Faire chanter – 20’ « Black mail-Faire chanter s’adresse à tout spectateur pris dans les griffes d’une machine économique dont les artifices de représentation utilisent les leurres, les réalités virtuelles, et les enchantements. Cette introduction à un opéra tragi-comique en cours de création s’écrit comme un hommage à Marie José Mondzain, une matière à penser notre économie des sens et des images. Je dois à Marie-José des moments de partage d’une intensité folle dont j’aimerai retrouver la couleur, ensemble, à la Commune. »

Le travail de Natacha Nisic explore la relation entre les images, l’interprétation, le rituel et la mémoire dans leurs implications dans le champ historique, collectif, ou individuel. Son travail questionne la nature de l’image à travers différents médias: Super 8, 16MM, vidéo, photographie et dessin. Elle fonde en avril 2020 le site The Crown Letter afin de créer un espace à visibilité internationale pour les femmes artistes lors de la pandémie. Natacha Nisic expose abondamment autour du monde.

Valère Novarina : la lutte des langues – 30’ Lecture par l’auteur, suivie d’un échange avec Marie José Mondzain. Muriel Roland : Ces gestes qui fondent les figures au tréfond des images – 30’ « Projection d’un extrait du film de Eve Barreire et Jean Luc Cohen : « La parole qui libère, Saxifrage » (20 minutes), suivi d’un CORpsTEXte écrit et interprété par Muriel Roland (10 minutes). Depuis 15 ans, une forte aventure de théâtre avec un groupe de femmes de Bagneux, a trouvé baptême, figure et hospitalité à son corps collectif dans le texte Saxifraga politica. « L’art populaire est celui qui produit le peuple auquel il s’adresse ». Des bureaux de l’ingénierie culturelle, recevant salaire pour ses offices, sièges des assis de la programmation, en ses formats, dispositifs, et disciplines, il n’y ni reconnaissance, ni survie, ni consolation à attendre pour les artistes obstinés au dessin, par cités et par champs, des desseins du « faire avec ». C’est parfois (toujours en réalité) douloureux. Du fond de leurs images, les figures de Marie José Mondzain soutiennent la persistance, par la formulation magique des gestes qui les fondent, de cette exigeante consolation nécessaire à l’ardente patience de nos gestaCtions saxifrages. »

Muriel Roland, artiste de théâtre, co-fondatrice de l’ENT (Escuela nacional de teatro de Santa Cruz, Bolivie), co-dirige la Compagnie SourouS, le Festival Auteurs en Acte, réalise de nombreux projets de création partagée dans différents contextes (habitants d’un quartier, atelier d’apprentissage socio-linguistique, groupes de métiers, éducation thérapeutique etc.), termine actuellement une thèse de doctorat sur le geste actoral. Avec le soutien de : Conseil départemental 92, Agence national de cohésion des territoires, Ville de Bagneux, Compagnie SourouS

Philippe Roux : Du politique – 30’ Communication. « Il s’agit ici de commencer une réflexion, de tracer des pistes, de tirer des fils qui mettent en évidence les dimensions politiques du travail de Marie-José Mondzain au-delà du champ de l’analyse des images. Son travail majeur sur les « opérations imageantes » est fondateur d’un rapport politique au monde qui va bien au-delà de l’analyse des images elles-mêmes. Ce dialogue commencé ici se poursuivra dans un entretien qui tentera de cheminer dans l’ensemble de son oeuvre aux aspects bien plus variés qu’une philosophe dite spécialiste des images. »

Philippe Roux, historien des idées. Fondateur de la revue De(s)générations. Enseigne à l’École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne et travaille au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne. Il est l’auteur de nombreux articles (Europe, Critique, Initiale, Hippocampe, etc) et de deux dialogues l’un avec Jean-Christophe Bailly, Passer définir connecter infinir (édition Argol), l’autre avec Georges Didi-Huberman, Pour commencer encore (édition Argol).

Sébastien Thiéry et Marie José Mondzain : Pour une hospitalité manifeste – 30’ Projection du film Appel aux cinéastes, suivie d’une discussion avec Marie José Mondzain, à laquelle Véra et Ruedi Baur participeraient peut-être. « Nous parlerons d’un appel aux cinéastes publié par le PEROU et le festival Image de ville. Nous parlerons des images de l’hospitalité que cet appel veut faire advenir et, symétriquement, de l’hospitalité des images. Nous parlerons de ce que certaines images peuvent nous faire penser et faire en riposte à la violence qui gouverne. Nous parlerons d’images manquantes et de constructions manquantes, d’un Très Grand Hôtel, d’un navire de sauvetage en mer Méditerranée nommé Avenir. Nous parlerons des images nécessaires pour nourrir les fronts de l’hospitalité vive. »

PEROU : Association présidée par Marie José Mondzain, fondée par Sébastien Thiéry et Gilles Clément, le PEROU (Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines) est un laboratoire de recherche-action sur le terrain de la grande précarité. Avec architectes, artistes, chercheurs et étudiants européens, il conduit aujourd’hui une instruction auprès de l’UNESCO visant à faire inscrire l’acte d’hospitalité au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Dans ce cadre, il met notamment en oeuvre la construction d’un navire à mettre à disposition des organisations sauvant des vies en mer Méditerranée

Gérard Venturelli et Patrice Loraux : A quoi ça tient ? – 20’ « A cette question dont personne n’attend de réponse, à cette question abyssale où s’absente toute lumière, ils tenteront au fil de leur conversation, de défaire ces liens auxquels s’accroche le désespoir de toute pratique. Car « il s’agit bien de scier la branche sur laquelle nous sommes assis ». À cette exigence de l’entredeux, de l’entretien où ils s’exposent, ne seront-ils que les porte-paroles de ce qui les dépasse ? Mais à ce jeu ils prennent le risque du déséquilibre, tout aussi démuni l’un que l’autre à cet exercice de funambule. Car cette question est le site de l’impuissance et de la défaite, de l’égarement et de la dépression… Alors ? Que surgira-t-il de cette épreuve du feu ? À se consumer ainsi depuis si longtemps de leurs questions dont aucune réponse n’a su entraver la jubilation de leur ressassent et de leur entêtement, ils tenteront encore de délier cette notion du « ça »… À quoi ça tient ? Cela tient… à rien, ou presque ! À ce rien qui n’est pas rien, mais bien le reste de ce qui ne peut être dissous. Inaliénable et irréductible… Mais ce rien, de quoi est-il le nom ? De quoi est il le signe ? Le fil invisible de quelle déliaison ? » Patrice Loraux, philosophe.

Gérard Venturelli, peintre. Martine Venturelli : L’ombre du ravage – 45’ L’ombre du ravage, une traversée du texte de Marie José Mondzain, Eloge de la plainte, en compagnie de Beckett, Strauss, Fauré, Berio/Berberian et Schubert Mise en voix et en espace par Martine Venturelli, metteur en scène, Riwana Mer, Emmanuelle Grangé, actrices et Juliette de Massy, chanteuse lyrique, « Eloge de la plainte ou l’ombre du ravage Pas plus que l’être femme, l’être mère n’est donné d’emblée. La partition mère/femme ne relève pas de l’évidence. La dimension de l’attente dans le lien mère-fille est toujours sous l’ombre du ravage*. Ce qui fonde le ravage c’est l’énigme qui touche la mère comme la fille. La substance qui donnerait corps à son être de femme, dans une attente toujours déçue, est un point de silence que nul signifiant ne représente. « Odor di femina » que Lacan a rapprochée de l’âme… Toutes les traces de ces questions sont présentes dans les figures féminines de l’histoire du théâtre, femmes, mères, filles… conflits, amours, haines… mais cette histoire a été le plus souvent écrite par des hommes. Ce qui nous touche particulièrement dans « Eloge de la plainte » c’est que nous rencontrons l’écriture d’une femme. Il me semble que c’est par l’écriture poétique que Marie-José Mondzain tente de s’approcher, d’éclaircir et de faire vibrer cette question. Nous essaierons de traverser la poésie et la richesse de cette langue, de ce chant, par la rencontre de deux comédiennes, qui auraient pu être trois, six… neuf… la question est infinie puisque nous sommes toujours l’enfant d’une femme, d’une mère, qui est elle-même une fille. » – Martine Venturelli

*Ravage Le fantasme d’une mère dévoreuse à l’intérieur du corps est un fantasme archaïque typiquement féminin, décrit comme l’angoisse la plus profonde, que Freud avait soupçonnée comme germe de la paranoïa ultérieure de la femme dans cette dépendance vis-à-vis de la mère, que Lacan nommera plus tard « ravage ». Martine Venturelli : Fille de Marie-Antoinette, petite-fille de Denise, arrière-petite-fille d’Alphonsine, mère d’Anne-Sophie, grand-mère d’Eglantine. Metteur en scène.

Dimitri Weyl : Le devenir c’est la puissance de la rencontre – 50’ Communication suivie d’un échange avec Marie José Mondzain « Dans la lignée de cet aphorisme forgé par Marie José Mondzain, mon intervention portera sur cette rencontre. De quelle manière le travail de Marie José Mondzain a eu pour moi un effet de rencontre – décisif – sur ma pratique, qui engage elle-même fortement la rencontre, et mes recherches : tout particulièrement sur l’articulation de l’image au narcissisme ainsi que sur les notions de pouvoir et d’autorité. »

Dimitri Weyl est psychologue, psychanalyste et enseignant chercheur. Outre une pratique libérale d’analyste, son activité clinique est ancrée dans le social, tout particulièrement auprès de l’Aide Sociale à l’Enfance. Il y pratique de nombreuses supervisions et analyses des pratiques d’équipes socio-éducative et médicosociale ainsi, depuis quelques années, que des soins institutionnels qui visent à insuffler une culture démocratique dans les institutions. Dimitri Weyl travaille par ailleurs à la Maison Verte. Ses recherches portent notamment sur l’articulation entre pouvoir et narcissisme, de quelle manière cet alliage peut se constituer comme un ennemi intérieur du vivre ensemble comme de l’intime.